R      S      I      

     Il y a trois suppositions. La première, ou plutôt l'une, car c'est déjà trop d'y mettre un ordre, si arbitraire qu'il soit, est qu'il y a : proposition thétique qui n'a de contenu que sa position même - un geste de coupure, sans quoi il n'est rien qu'il y ait. On nommera cela réel ou R. Une autre supposition, dite symbolique ou S, est qu'il y a de la langue, supposition sans laquelle rien, et singulièrement aucune supposition, ne saurait se dire. Une autre supposition enfin est qu'il y a du semblable où s'institue tout ce qui fait lien : c'est l'imaginaire ou I.
     De certaines de ces suppositions, se déduisent, par analyse, des séries de propositions qui s'enchaînent. Ainsi, de ce qu’il y a du semblable, on conclura qu’il y a du dissemblable, et de là, qu’il y a du rapport, puisqu’il suffit qu’entre deux termes un rapport existe, pour qu’une propriété commune puisse par abstraction être construite. […] On concluera enfin qu’il y a du représentable, puisque la représentation ne suppose rien sinon la similitude et le rapport. […]
Les touts dont on suppose l’existence pourront alors être liés les uns aux autres en un tissu de semblable et de dissemblable, qu’on peut aussi bien constituer en tout du représentable : ce que l’on nomme la réalité. […]
[…] On entend en particulier par les trois propositions ceci : que rien ne saurait s’imaginer, c’est à dire se représenter, que de I, rien ne saurait exister que de R, rien ne saurait s’écrire que de S. […]
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