Mains

La valeur allusive



Qu’il souffle de l’Est ou de l’Ouest, du Nord ou du Sud, il revient au vent d’exercer une influence sur l’ensemble de la Nature et celle-ci diffère selon sa provenance et selon la saison. En Chine, les hommes ont été particulièrement sensibles à une telle diversité d’influence et ils en ont fait le support de tout un ensemble de représentations : mœurs, attitude, style ; de fait, au sein de cette civilisation qui s’est définie très tôt par son attention portée aux tâches agricoles, c’est surtout à l’effet du vent printanier, comme influence favorable, que les hommes sont sensibles – vent « doux », vent « léger » - qui ranime la nature et porte à la végétation les bienfaits de la pluie.Le vent se lève et les herbes s’inclinent. Le vent souffle et toutes les cavités de la terre laissent entendre une multitude infinie de sons. Il revient au Vent d’animer en douceur mais en profondeur, l’infinie diversité des réalités du Monde naturel, et il confère à celles-ci l’essentielle beauté d’une harmonie vivante.« Vent-lune » ; « vent-lumière » ; « vent-flux » ; « vent-nuage » ; « vent-paysage » [...]

Cet essai part à la poursuite de ce dont, par principe, la poursuite est vaine et qui ne se laisse pas concevoir, puisqu’il prend pour objet le non-objet : [ce qui] est trop flou-vague-diffus-évanescent-con-fondu pour se laisser immobiliser et isoler, plon-geant dans l'indifférentié, n'est de ce fait ni assignable ni non plus représentable, ne peut donc avoir la consistance d'un en-soi, se constituer d’« être » et, Gegenstand, se « tenir devant » - découpant ses arêtes – l’Œil ou l’Esprit ; [ce] dont nous faisons sans fin l’expérience nous reconduisant à l’indéfinition du foncier, mais que la science et la philosophie ont tôt fait de délaisser dans leur hâte à traiter logiquement les choses. Dans leur hâte à constituer un « ceci » manipulable par la pensée, en vue de répondre au : « Qu’est-ce que c’est ? ».

    Vers cet inobjectivable du « fond des choses » ...
Cet essai part à la poursuite de ce dont, par principe, la poursuite est vaine et qui ne se laisse pas concevoir, puisqu’il prend pour objet le non-objet : [ce qui] est trop flou-vague-diffus-évanescent-con-fondu pour se laisser immobiliser et isoler, plon-geant dans l'indifférentié, n'est de ce fait ni assignable ni non plus représentable, ne peut donc avoir la consistance d'un en-soi, se constituer d’« être » et, Gegenstand, se « tenir devant » - découpant ses arêtes – l’Œil ou l’Esprit ; [ce] dont nous faisons sans fin l’expérience nous reconduisant à l’indéfinition du foncier, mais que la science et la philosophie ont tôt fait de délaisser dans leur hâte à traiter logiquement les choses. Dans leur hâte à constituer un « ceci » manipulable par la pensée, en vue de répondre au : « Qu’est-ce que c’est ? ».

    Vers cet inobjectivable du « fond des choses » ...
Cet essai part à la poursuite de ce dont, par principe, la poursuite est vaine et qui ne se laisse pas concevoir, puisqu’il prend pour objet le non-objet : [ce qui] est trop flou-vague-diffus-évanescent-con-fondu pour se laisser immobiliser et isoler, plon-geant dans l'indifférentié, n'est de ce fait ni assignable ni non plus représentable, ne peut donc avoir la consistance d'un en-soi, se constituer d’« être » et, Gegenstand, se « tenir devant » - découpant ses arêtes – l’Œil ou l’Esprit ; [ce] dont nous faisons sans fin l’expérience nous reconduisant à l’indéfinition du foncier, mais que la science et la philosophie ont tôt fait de délaisser dans leur hâte à traiter logiquement les choses. Dans leur hâte à constituer un « ceci » manipulable par la pensée, en vue de répondre au : « Qu’est-ce que c’est ? ».

    Vers cet inobjectivable du « fond des choses » ...

La chaîne et la trame

[...] La Chine est fondamentalement une civilisation du texte – relevant du tracé et dont l’opération est un continu tissage. Comme le porte en lui le mot wen lui-même, qui signifie à la fois culture – civilisation – texte – idéogramme, et qui est composé étymologiquement d’un croisement de traits 文, le texte (chinois) croise les fils pour se composer. Ainsi croise-t-il le fil de chaine de la rectitude et du normatif, qui lui sert de support et lui confère sa consistance, la trame de l’imaginaire et de l’insolite qui coupe cet ordre d’un extraordinaire le rendant inédit et captant l’intérêt. De même qu’il croise avec la linéarité de l’énoncé l’énoncé parallèle qui s’apparie à lui et lui répond – transversalement – selon cette facture foncière que constitue en l’absence de syntaxe, le parallélisme des expressions [...]
wen
[...] selon l’intuition chinoise de la réalité, l’appariement constitue le principe de base permettant de rendre compte de la possibilité d’exister. Tout réel y est, en effet, perçu comme processus en cours à partir d’une dualité d’instances en interaction continue. Opposition et complémentarité : la bipolarité est générale, et l’effet de « parallélisme » est à la fois dynamique et premier. [...]

Gegenstand

[...] Cet essai part à la poursuite de ce dont, par principe, la pour-suite est vaine et qui ne se laisse pas concevoir, puisqu’il prend pour objet le non-objet : [ce qui] est trop flou-vague-diffus-évanescent-con-fondu pour se laisser immobiliser et isoler, plon-geant dans l'indifférentié, n'est de ce fait ni assignable ni non plus représentable, ne peut donc avoir la consistance d'un en-soi, se constituer d’« être » et, Gegenstand, se « tenir devant » - découpant ses arêtes – l’Œil ou l’Esprit ; [ce] dont nous faisons sans fin l’expérience nous reconduisant à l’indéfinition du foncier, mais que la science et la philosophie ont tôt fait de délaisser dans leur hâte à traiter logiquement les choses. Dans leur hâte à constituer un « ceci » manipulable par la pensée, en vue de répondre au : « Qu’est-ce que c’est ? ».

    Vers cet inobjectivable du « fond des choses » ...


Gegenstand


Un livre, un titre : « LA GRANDE IMAGE N’A PAS DE FORME ». Sous-(autre)-titre : « OU DU NON-OBJET PAR LA PEINTURE ». Au milieu de la page suivante, en italique, plus petit, seul et comme intimidé : « Essai de dé-ontologie ». Une page blanche... puis : « Cet essai part à la poursuite de ce dont, par principe, la poursuite est vaine [...] »

Logique de l'appariement :



[...] Cet essai part à la poursuite de ce dont, par principe, la pour-suite est vaine et qui ne se laisse pas concevoir, puisqu’il prend pour objet le non-objet : [ce qui] est trop flou-vague-diffus-évanescent-con-fondu pour se laisser immobiliser et isoler, plon-geant dans l'indifférentié, n'est de ce fait ni assignable ni non plus représentable, ne peut donc avoir la consistance d'un en-soi, se constituer d’« être » et, Gegenstand, se « tenir devant » - découpant ses arêtes – l’Œil ou l’Esprit ; [ce] dont nous faisons sans fin l’expérience nous reconduisant à l’indéfinition du foncier, mais que la science et la philosophie ont tôt fait de délaisser dans leur hâte à traiter logiquement les choses. Dans leur hâte à constituer un « ceci » manipulable par la pensée, en vue de répondre au : « Qu’est-ce que c’est ? ».

    Vers cet inobjectivable du « fond des choses » ...

Logique de l'appariement :



Quatre pages plus loin, sous le titre « Réseau et corpus », François Julien abandonne l’italique pour cette courte phrase et petit paragraphe :

Cet essai n'est qu'un chapitre, il est sans conclusion, mais fait nœud dans mon travail.

Gegenstand : Un livre, un titre : « LA GRANDE IMAGE N’A PAS DE FORME ». Sous-(autre)-titre : « OU DU NON-OBJET PAR LA PEINTURE ». Au milieu de la page suivante, en italique, plus petit, seul et comme intimidé : « Essai de dé-ontologie ». Une page blanche... puis : « Cet essai part à la poursuite de ce dont, par principe, la poursuite est vaine [...] »

Quatre pages plus loin, sous le titre « Réseau et corpus », François Julien abandonnait l’italique pour cette courte phrase et petit paragraphe :

Logique de l'appariement : Cet essai n'est qu'un chapitre, il est sans conclusion, mais fait nœud dans mon travail.

Cet essai n'est qu'un chapitre, il est sans conclusion, mais fait nœud dans mon travail.

« L’œuvre » de François Julien est impressionnante. D’un livre et d’un titre à l’autre, nous apparaissaient peu à peu quelques repères, quelques-uns des « nœuds » de son travail. Curieusement et dans le même mouvement, toute une cinématographie se mettait en marche, un curieux mélange de « Je me souviens...» et d’« Espèces d’espaces ». L’expression « toucher à (de) la pensée » de François Julien nous avait rappelé l’émotion éprouvée à la découverte de ce feuillet, glissé, inséré entre deux pages de ces « Espèces d’espaces ». Un signet qu’on pouvait aussitôt (Gegenstand ?) « prendre en main » en ouvrant le livre de Georges Perec...

JE DEVAIS AVOIR SIX ANS et je marchais déjà pas mal quand, côtoyant un jour un copain chien, je décidai pour ne pas le vexer de me mettre à marcher à quatre pattes comme lui. Je découvrais alors que je ne pouvais pas être comme lui : il était pour moi très inconfortable de marcher sur les seuls « coussinets » de la plante de mes pieds ou de la paume de mes mains; et très douloureux de marcher sur mes genoux. Ce choix difficile fut le point de départ de mon aventure intellectuelle. Je décidai de partir à la découverte de mes mains.

Autobiographie
de mes mains



[…] quand on a des mains, on en fait quelque chose, et on peut même leur faire faire n’importe quoi. Avoir des mains me permettait d’agir sur le monde des choses en fabriquant des outils en silex taillé et sur le monde des représentations en gestuant des signes manuels. […]



[…] A l’époque où Monsieur Sapiens fabriquait des outils mal taillés et des objets mécaniques inachevés, il réalisait déjà de véritables chefs-d’œuvre. Il dessinait, sur de simples galets ou sur des os d’animaux séchés, l’idée qu’il se faisait du monde. La main qui lui avait permis de fabriquer un outillage encore imparfait avait rendu possible la projection de son monde mental sur l’écran qui composait la surface lisse d’un caillou ou d’un os plat. Son monde intime devenait visible. Grâce à son habilité manuelle, il produisait à volonté le monde qu’il était désormais capable de « prédire ». Maître du monde déjà il se voyait ! Et la découverte du feu n’a rien arrangé puisqu’en frottant deux bouts de bois ou en cognant l’un contre l’autre deux cailloux ronds, il mettait au jour une source d’énergie mystérieuse dont il pouvait domestiquer la puissance. […].



[…] Le simple fait de « prévoir » la forme d’un couteau ou d’un racloir et de pouvoir la donner ensuite au caillou informe qu’il tenait dans ses mains était déjà la preuve de son aptitude intellectuelle à l’abstraction. Cette faculté merveilleuse et terrible le rendait capable de se représenter la mort, abstraction absolue. Ce don l’ayant sans doute rendu fou d’angoisse, il lui fallait désormais lutter contre la terreur. Alors il construisit des sépultures et les décora pour tenter de contrôler la représentation qu’il se faisait de la mort. Il était en quelque sorte contraint à la création artistique pour lutter contre l’angoisse du vide et contre l’infini de la mort que son intelligence avait fini par lui rendre palpable. Merveilleux prix à payer pour lutter contre l’angoisse. […]
Cette nécessité intime à la représentation artistique mettait au monde la notion du beau, donc du laid, celle aussi du moral, donc de l’immoral, de la ressemblance donc de la dissemblance. Les cailloux colorés disposés autour du corps de celui qui venait de mourir, toujours vivant dans la mémoire des siens, devenaient des cailloux métamorphosés, des cailloux sémantiques qui voulaient dire : « Nous ne sommes pas des cailloux puisque, colorés et disposés en couronne autour du mort, nous désignons son corps et le faisons vivre encore dans la représentation de ceux qui pensent à lui. Grace à nous, il est un peu moins mort » […]

[…]